Avulsion dentaire
- 1Pourquoi opérer?
Votre dentiste peut parfois préférer vous adresser au chirurgien maxillo-facial pour la réalisation d’extractions dentaires difficiles.
L’avulsion peut être difficile parce que:
-
dent ankylosée. C’est-à-dire que le ligament qui l’entoure normalement, a fini par s’ossifier, rendant ainsi la dent plus adhérente ou fusionnée à l’os.
-
dent très abîmée. Il ne reste que qu’une partie de la dent apparente (couronne) voir que des racines. Ces débris dentaires sont plus ou moins profondément enchâssés dans l’os et la gencive des mâchoires.
-
plusieurs dents.
-
kyste appendu à la dent.
-
dent douloureuse et la tentative d’avulsion sous anesthésie locale s’est soldée par un échec.
-
traitement anti-agrégant plaquettaire (Aspégic®, Kardégic®, Plavix®) ou anticoagulant (Préviscan®, Sintron®) ou NACO (nouveaux anti coagulants oraux: le rivaroxaban ( Xarelto®), l’apixaban ( Eliquis®)et le dabigatran ( Pradaxa®)). Ces médicaments augmentent les risques de complications hémorragiques.
- dents surnuméraires retardant l’éruption de dents définitives
Il est conseillé de suivre les recommandations de votre chirurgien maxillo-facial en pré et post opératoire.
- 2Comment se déroule l’intervention ?
Cette intervention est programmée le plus souvent (geste non urgent sauf infection menaçant le pronostic vital).
La consultation avec le chirurgien permet la réalisation d’un examen clinique et d’expliquer l’examen radiographique (panoramique dentaire). Un examen radiologique complémentaire type dentascanner ou cone beam peut être demandé si nécessaire avant la chirurgie.
L’intervention se déroule soit sous anesthésie locale en externe (sans hospitalisation), soit sous anesthésie générale ou neurolepte analgésie (en ambulatoire). Le mode d’anesthésie est choisi lors de la consultation avec votre chirurgien. Il est fonction de chaque cas et de chaque patient: antécédents médicaux, médicaments. Le choix sera déterminé lors de la consultation pré-opératoire.
Quelle que soit le mode d’anesthésie, la technique chirurgicale reste la même et consiste à extraire la dent grâce à des instruments adaptés.
Cependant, dans le cas d’extractions dentaires difficiles, d’autres gestes sont souvent nécessaires comme:
– Inciser et décoller la gencive pour mieux exposer la zone opératoire.
– Dégager la dent en fraisant l’os pour l’extraire.
– Sectionner parfois la dent.
On procède ensuite à l’ablation d’un éventuel kyste dentaire, au lavage de l’alvéole dentaire (c’est le trou laissé par la dent extraite) et à la suture de la gencive (quand celle-ci est indiquée) à l’aide de fils résorbables qui disparaîtront spontanément en 10 jours à 3 semaines.
En cas de traitement anti-agrégant ou anticoagulant, il est souvent laissé en place dans l’alvéole, une compresse qui limite le risque de saignement secondaire. Cette compresse se résorbe rapidement toute seule.
La durée de l’intervention est très variable. Elle est en moyenne de 30 minutes. Les soins post opératoires vous seront précisés. Généralement pour une anesthésie générale, la durée de l’hospitalisation est de 5 heures. Sans être systématique, prévoyez quelques jours d’arrêt de travail (2 à 3 jours) après une extraction, qu’elle soit sous anesthésie générale ou locale car les suites sont parfois douloureuses, la joue peut être gonflée et vous pouvez avoir du mal à ouvrir la bouche.
- 3Conséquences de l’acte chirurgical
Les suites opératoires varient d’une personne à l’autre, et ne sont pas symétriques. Il est recommandé de respecter les prescriptions post opératoires et les consignes post opératoires pour limiter les effets secondaires:
-
Le saignements : de faible quantité, souvent gênant, ils persistent pendant quelques heures. Le traitement consiste à appliquer une compresse sur la zone de l’extraction et mordre sur celle-ci tant que le saignement ne s’est pas arrêté. Ce saignement peut se prolonger parfois pendant la nuit qui suit l’intervention. Afin de ne pas évacuer le caillot sanguin qui s’est formé dans l’alvéole, les bains de bouche doivent être faits avec délicatesse pendant les premières 24 heures.
-
La douleur au niveau des zones opérées est plus fréquente en bas qu’en haut. Elle cède souvent avec des antalgiques et disparaît en quelques jours.
-
L’œdème (gonflement des joues) est fréquent. Il est imprévisible car variable d’une personne à l’autre, volontiers marqué chez l’adolescent.
-
Une limitation de l’ouverture buccale est fréquente pendant quelques jours bien qu’elle ne soit pas systématique. Il faudra donc prévoir une alimentation molle. Exceptionnellement, cette difficulté à ouvrir la bouche peut durer plusieurs semaines.
-
L’alimentation doit être molle, tiède ou froide. Il faut éviter une nourriture trop chaude, trop épicée ou trop acide, comme les jus d’orange pendant les 48 premières heures.
-
Malgré les œdèmes et les douleurs, une bonne hygiène buccale est indispensable pour que la cicatrisation se fasse sans complication. Après chaque repas, les dents et les gencives devront être nettoyées par brossage. Des bains de bouche sont prescrits en complément du brossage. Un jet hydropulseur peut également être utilisé.
-
Il faut arrêter absolument le tabac, l’alcool et tous les irritants jusqu’à la fin de la cicatrisation de la plaie.
-
Ne pas cracher pour limiter les saignements et ne pas les favoriser. En cas de saignement, mordre sur une compresse pendant 10 minutes et renouveler l’opération si nécessaire.
-
Pour réduire l’oedème, de manger tiède et de mettre une poche de glace sur les joues. Après les premières 48h, un gonflement ou un hématome peut survenir mais rassurez vous, il s’estompe progressivement en 7 à 10 jours.
- 4Les risques opératoires
Tout acte médical, même conduit dans des conditions de compétence et de sécurité conformes aux données actuelles de la science et de la réglementation en vigueur,comporte des risques de complication. Aujourd’hui, tout chirurgien se doit d’informer son patient sur les risques et les complications éventuelles de l’intervention dont il va bénéficier. Cette information doit être claire, loyale et intelligible. Elle a pur but de permettre à chaque patient de mettre en balance les risques qu’il encourt par rapport aux bénéfices qu’il retirera de l’intervention chirurgicale afin qu’il puisse prendre la décision, en son âme et conscience, de se faire opérer ou non. Cette information claire, loyale et intelligible est particulièrement importante pour certains actes de chirurgie maxillo-faciale qui sont des interventions chirurgicales de confort (chirurgie plastique de la face, implantologie, etc.…). L’énumération « bibliographique » des diverses complications possibles a pour but de vous faire participer pleinement aux décisions qui concernent votre santé ou votre bien-être et de vous rendre responsable.
Il peut s’agir de complication infectieuse, nerveuse, osseuse, sinusienne et dentaire. Par ordre de fréquence et de gravité:
-
la perte d’un amalgame (plombage) ou le descellement d’une couronne : l’extraction de la dent de sagesse implique l’utilisation d’un instrument qui s’appuie parfois sur la dent jouxtant la dent de sagesse. Un amalgame trop gros ou ancien, une couronne mal scellée peuvent subir des dommages. La deuxième molaire peut être parfois mobilisée.
-
une diminution ou une perte de la sensibilité de la lèvre inférieure : le nerf mandibulaire chemine à l’intérieur de la mandibule en passant sous les racines des dents. Lorsqu’il est au contact des racines de la dent de sagesse il peut être lésé. Il s’ensuit alors une perte de la sensibilité de la lèvre inférieure du côté atteint, temporaire ou exceptionnellement définitive. Le risque est évaluable sur l’imagerie médicale. Dans des cas très particuliers, le chirurgien maxillo-facial peut être amené à prescrire un DENTASCANNER (scanner des dents et des mâchoires) qui permet d’évaluer au mieux les rapports anatomiques entre le nerf et la dent et de préciser ainsi le risque encouru avant l’intervention.une infection des tissus mous de la joue (cellulite ou alvéolite suppurée) peut survenir quelques jours à quelques semaines après l’extraction. Elle cède par un traitement antibiotique associé ou non à une révision de l’alvéole dentaire (empreinte dentaire laissée dans l’os après l’extraction). Elle nécessite rarement une deuxième intervention sous anesthésie générale pour drainage chirurgical de l’infection.
-
une alvéolite : infection de l’alvéole dentaire. L’inflammation sans pus de l’alvéole ou alvéolite sèche survient lorsque la cicatrisation ne se fait pas correctement. Cette alvéolite survient quelques jours voire 3 semaines à 1 mois après le geste. Elle se caractérise par des douleurs surtout nocturnes non calmées par des antalgiques habituels, un mauvais gout dans la bouche voir une difficulté à l’ouverture de bouche qui dure quelques jours. Elle nécessite des soins locaux sous anesthésie locale. Le risque augmente avec le tabagisme. le traitement est local.
-
une esquille osseuse: apparition d’un fragment osseux alvéolaire ou cortical (souvent pris pour un bout de dent par le patient) blessant les tissus mous de la gencive ou de la joue/ de la langue lors de la cicatrisation. Sa disparition est soit spontanée soit après une petite intervention sous anesthésie locale.une perte de la sensibilité de la langue du côté de la lésion car le nerf lingual se situe au contact du bord interne de l’angle de la mandibule. Cette perte de sensibilité est le plus souvent temporaire (quelques jours à quelques semaines) ou exceptionnellement permanente. Le risque de lésion du nerf lingual est difficilement mesurable en préopératoire.
-
les complications hémorragiques (saignements endobuccaux trop importants) peuvent survenir et cèdent à une simple compression (en mordant des compresses). Il justifie rarement de devoir intervenir chirurgicalement pour réaliser l’hémostase.
-
une névralgie est une douleur d’apparition spontanée, vive et donc très gênante qui peut être secondaire à la lésion partielle d’un nerf. Si le nerf alvéolaire inférieur a été lésé, la douleur vive irradie dans les dents antérieures et/ou la lèvre inférieure. Si c’est le nerf lingual qui est abîmé, la douleur irradie dans la moitié de la langue. Ces douleurs sont très difficiles à traiter et durent parfois très longtemps. Elles sont heureusement très exceptionnelles.
-
une communication entre le sinus maxillaire et la bouche. Cette complication concerne uniquement les dents de sagesse du haut: au contact même du sinus maxillaire. L’extraction entraîne fréquemment une communication bucco-sinusienne qui se ferme grâce aux soins locaux et une couverture muqueuse réalisée en per opératoire en 15 jours à 3 semaines. Une persistance au-delà justifie un traitement chirurgical adapté secondaire.
-
la rupture d’un instrument notamment lors de l’extraction de la dent de sagesse supérieure avec chute du fragment dans le sinus maxillaire ou blessure de la muqueuse.
-
la persistance de racines ou de débris dentaire : certaines dents de sagesse, surtout inférieures, ont parfois des racines difficiles à extraire, de surcroît très proches du nerf alvéolaire inférieur. La volonté d’extraire à tout prix un fragment de racine fracturée peut constituer un danger pour le nerf tout proche. Le “mieux étant souvent l’ennemi du bien”, il est parfois préférable de laisser ce fragment. Il n’y a aucune suite dans la plupart des cas.
-
Il est aussi possible, bien que ce sujet soit controversé, que l’extraction de dents de sagesse puisse aggraver des troubles déjà existants de l’articulation de la mâchoire.
Il faut souligner que ces complications sont peu fréquentes et sont souvent le résultat de conditions anatomiques particulières repérées par le chirurgien lors de la consultation.
- 5Recommandations
- Eviter la prise d’aspirine dans les 10 jours qui précèdent l’intervention sans en avertir votre chirurgien.
- Apporter vos radios si elles sont en votre possession.
- Sous anesthésie locale : bien déjeuner le matin de l’intervention.
- L’arrêt de travail n’est pas systématique, prévoyez toutefois quelques jours d’arrêt de travail si l’intervention a été difficile.
- Se procurer au préalable les médicaments et produits nécessaires aux soins postopératoires (antalgiques, bains de bouche…).
- Alimentation molle dans les jours qui suivent.
- En cas de saignement : mordre sur des compresses pendant 15min et de renouveler l’opération si nécessaire
- Eviter de fumer
- Eviter de cracher pour limiter les saignements
- Eviter de manger et de boire trop chaud les 24 premières heures
- Pour réduire l’oedème, manger tiède et mettre une poche de glace sur les joues
- Après les premières 48h, un gonflement ou un hématome peut survenir mais rassurez vous, il s’estompe progressivement en 7 à 10 jours.